COURTIL / HEBRONVAL 2024
Trois battues ont eu lieu et j’ai pris des chiens différents. Le gibier était présent et les chiens ont eu de nombreuses façons de s’exprimer. Le territoire d’Hébronval était bien supérieur en termes de quantités de gibier, car j’ai vu de très nombreux sangliers et plusieurs cerfs, parfois de très près. Cela a permis de lancer les chiens dans de bonnes conditions. Afin d’être clair et focaliser sur les chiens uniquement, je vais détailler leurs prestations :
QUEEN
Elle reste la cheffe de meute, mais commence à être souvent dépassée par SCARLETT qui est plus rapide. Malgré tout, les balancers et les défauts sont toujours pour elle. SCARLETT est très prudente malgré un caractère fonceur. Dès qu’elle se rend compte qu’elle a perdu la voie, elle vérifie où est QUEEN et la rejoint. C’est intéressant à observer car cela signifie clairement qu’elle sait que QUEEN lui est supérieure dans les cas plus difficiles. QUEEN a été récupérée à quelques reprises sur de petits sangliers pris. QUEEN reste en forme et je m’attends à une belle saison de sa part. Je note malgré tout une tendance qui reste à confirmer, qui la voit se placer davantage en retrait mais avec une intelligence plus présente. Elle sait ce qu’elle fait et sa rapidité est largement suffisante car elle est toujours dans la première tranche des menées en faisant parfois la différence.
SCARLETT
Elle a beaucoup gagné en maturité durant ces derniers mois au chenil. Elle est adulte à 100% et réfléchit. Elle ne fonce pas tête baissée, mais on la voit travailler réellement sur le terrain. Elle analyse ses voies. On l’observe rapide et attentive. Elle ne commet pas d’erreurs réelles, car ce sont plutôt des manques d’expériences qui continuent à s'atténuer au fil des sorties. Elle en a déjà pas mal derrière elle, et peut gérer l’ensemble de A à Z de la recherche à la prise de l’animal. C’est une chienne qui reste magnifique sur le terrain, avec encore un potentiel important à développer. Je ne travaille plus là-dessus. Le principal pour moi est de la mettre dans un bon contexte, qui lui permet d’apprendre de nouvelles choses tout en continuant à travailler ce qu’elle sait déjà faire. Elle me plaît beaucoup.
TWIST
Intéressante malgré un caractère dominant. Elle ne s’entend pas avec QUEEN, et cela est pénalisant pour une petite meute comme la mienne. Comment faire : Utiliser la cheffe de meute et profiter de ses derniers mois à 100% à la chasse, ou se tourner vers une jeune qui s’avère très prometteuse ? Je fais donc deux journées sur trois avec QUEEN. L'année prochaine, ce sera le contraire car QUEEN sera alors plus âgée.
TWIST est hurleuse, ce qui est rare chez les Griffons Fauves de Bretagne. Elle est construite d’une manière sportive, comme un coureur de fonds. Elle a maintenant l’habitude de revenir après sa menée, car elle est utilisée en chasse à tir et nous avons la chance d’avoir d’excellents tireurs. Elle semble être focalisée sur le sanglier, car elle le chasse avec passion et je l’ai récupérée, pour la seconde fois en deux sorties, sur un sanglier qu’elle avait attrapé. C’est une chienne qui paraît très résistante, mais son caractère un peu dur quoi que sans agressivité fait qu’elle ne reproduira pas. Elle est équilibrée, mais je la trouve trop « sèche » pour un chien de meute appelée à vivre en groupe. Néanmoins, elle fait un travail remarquable sur le terrain et me plaît. Elle s’entend bien avec SCAR, et je pense que ces deux chiennes constitueront la fin de ma carrière de traqueurs pour quelques années.
Ayant eu cette chienne assez tard, à l’âge de 16 mois environ, l’obéissance a été plus difficile à obtenir. Mais elle se montre maintenant suffisamment obéissante pour revenir me voir et tourner autour de moi. Encore des difficultés à obtenir une écoute réelle durant le travail, car elle a tendance à travailler seule. C’est assez évident. Ce n’est pas grave, mais il est évident que j’aurais préféré une obéissance plus poussée comme SCARLETT, PELUC ou QUEEN qui écoute les directions et travaillent de concert. J’attends et les choses pourraient se faire naturellement. Je n’ai pas une personnalité visant à forcer les chiens. Ils doivent travailler selon leur propre personnalité et c’est à moi de m’y adapter.
Ayant 48 ans et pas de personnes pour reprendre l’élevage amateur à l’heure actuelle, il est trop risqué de poursuivre sur cette voie. Je laisse donc vieilir les chiens à la maison, en sachant que quatre d'entre eux sont déjà dans la dernière tranche de leur vie.
LAYONNE
Que dire de cette chienne qui approche tout doucement de sa décennie ? Elle est en forme comme un chiot de 6 mois et après deux jours de chasse, continue à traverser les ronces, les genêts et les fougères avec une volonté inchangée. Elle fait lever de nombreux chevreuils et sangliers bien que ce ne soit pas son boulot initial, ayant été achetée et dressée pour chasser la bécasse. Mais faute de bécasse, j’ai été obligé de la mettre sur le grand gibier. Bref, elle est impressionnante.
PELUC
La fin de carrière approche pour lui, bien qu’il soit encore efficace. Il a chassé trois sangliers et en a attrapé un. Il est moins rapide mais bien plus réfléchi, déjà durant sa recherche où on le voit chercher en sachant qu’il veut arriver à la lettre « Z » sans trop focaliser sur sa respiration et sa course. Il est futé, ce qui est assez intéressant à voir. Contrairement à TWIST, il n’attaque pas le sanglier une fois celui-ci au ferme. Il tient simplement le ferme et attend qu’un traqueur arrive.
PUMBA
Alors ici, je dois dire que sa carrière est terminée. Elle est lente et pataude. Elle chasse encore et a fait sortir l’un ou l’autre chevreuil. Elle a tenté de participer à deux menées sur sangliers mais s’est vite arrêtée et a fait demi-tour pour revenir avec moi. Elle ne tient plus la route. Mais peu importe, elle a fait une belle carrière avec sept années de travail intéressant et assez homogène. C'était une bonne chienne, pas impressionnante mais régulière. Elle n'a pas porté car j'ai estimé qu'elle était dans la moyenne, donc pas supérieure au point de devoir maintenir un critère particulier. Elle profite du chenil qui est grand et offre de belles opportunités pour se balader et profiter du contexte, car il est mis un peu au milieu de nulle part et a une vision sur de grands espaces où passent les faisans et de nombreuses espèces. Elle voit travailler régulièrement deux fermiers et nous voit souvent puisque le jardin de 30 ares longe le chenil. En dehors de ça, elle sort avec moi à chaque chasse et en profite pour se balader et participer quand elle décide de courir. Sa retraite est déjà lancée.
J’ai eu la satisfaction d’entendre l’explication d’un chasseur qui a dit que trois chiens avec des poils bruns et durs, avec des colliers GPS, ont chassé un chevreuil devant lui. C’était lorsque je suis passé de ce côté et je suis le seul à avoir trois Fauves, donc je suppose que ce sont les miens. Il a expliqué un « défaut », car une chèvre est arrivée et a fait un bon sur le côté. Elle s’est couchée derrière un genêt et n’a pas bougé. Les chiens sont passé en aboyant dur et étant groupés. Mais après une trentaine de mètres, ils se sont tus et se sont rendu compte que la voie n’était plus présente. Deux d’entre eux, que je soupçonne être les plus vieux et donc les plus aguerris, ont opéré un demi-tour pour revenir là où ils avaient perdu la voie. Il disait que le troisième, qui était en tête, s’est rendu compte de la manœuvre et a suivi les deux chiens qui du coup, la précédaient. Arrivés sur place, la chèvre avait déjà commencé à partir en trottinant, mais a immédiatement accélérer en voyant le comportement des chiens qui ont vite repris la voie. Le chasseur était enchanté, et moi aussi car je n’avais pas été présent pour observer cette action qui est logique mais toujours agréable à écouter, surtout pour une première journée de chasse et venant de la part de chiens n’étant plus sorti depuis neuf mois.